Skip to main content

Émilie VARIN-LEPINAY, co-présidente de la ligue de l'enseignement de l'Ariège

Pourrais-tu te présenter ?

Je m’appelle Emilie VARIN-LEPINAY, je suis actuellement co-présidente de la Ligue de l’enseignement de l’Ariège et en charge de la vie associative. J'ai une formation universitaire en ethnologie et en sociologie et j'ai passé un diplôme d'assistante sociale. J'ai commencé à travailler dans la demande d'asile auprès de réfugiés dans le 93 où je faisais également du conseil juridique. J'ai débarqué en Ariège il y a à peu près 12, j'ai occupé différents postes dans l’action sociale, aussi bien dans des structures privées que publiques.

Connaissais-tu la Ligue de l’enseignement avant de l’intégrer ?

Et non. Je suis arrivée par hasard. Lorsque je travaillais à la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) je gérais un appel à projet auquel la Ligue avait répondu. Je trouvais les activités proposées par la Ligue très intéressantes. On a eu des échanges avec le directeur de l'époque et quand j'ai terminé ma mission à la DDCSPP j'ai souhaité en savoir davantage. Ce qui m'a été présenté m'a beaucoup intéressé et il m'a tout de suite fait rentrer au Conseil d'Administration. J'ai été ainsi cooptée ce qui m’a permis de découvrir la Ligue au fur et à mesure même si je connaissais déjà l'Education Populaire ayant été animatrice pendant 8 ans.

Que faisais-tu à la Ligue de l’enseignement de l’Ariège avant d’être co-présidente ?

Pendant 7 ans à peu près, j'ai été administratrice puis membre du bureau ce qui m’a permis de mieux comprendre les rouages de la Ligue et d’apporter un conseil et un avis complémentaire lors des prises de décision. Et donc depuis un an et demi je suis co-présidente.

Et qu'est-ce qui t'a amené à prendre cette fonction de co-présidente ?

En fait il y a plusieurs choses, l'ancien président Guy Cirla souhaitait arrêter. Personne, spontanément, ne se sentait d'occuper ces fonctions car ce n’est quand même pas rien. Et l'idée de la collégialité nous plaisait beaucoup, que ce soit en termes de partage du temps, de l'énergie etc. mais aussi en terme de partage des responsabilités. On est donc aujourd'hui trois co-président-es. Ce que je trouve très intéressant c'est que l'on a des profils et des compétences très différents : Jean-Michel Petiot, ancien inspecteur de l'Education Nationale, connaît bien le réseau éducatif, indispensable au fonctionnement de la Ligue. Fabien Guichou a une empreinte associative locale très importante, à la direction d’une structure employeuse, il a des compétences de gestionnaire qu’il applique de façon bienveillante. Moi je dirais que je suis un peu l'esprit bohème de la collégiale. J’ai plutôt des savoirs et des compétences transversales et des réseaux transversaux. Au sein de la Ligue, je suis en charge de la vie associative. Je pourrais initier des choses mais vu le dynamisme de l'équipe, leur connaissance des besoins des associations, leur proximité avec le terrain mon rôle est plutôt de soutenir et valoriser leurs actions et faire le lien avec l'extérieur. Parce qu’en tant que président-e on a un rôle de représentation et ça on se le partage.

Quel est donc le rôle de la Ligue de l’enseignement ?

Le rôle de la Ligue aujourd'hui est pour moi, le même qu’à sa création il y a plus d'un siècle et demi c'est-à-dire participer à la construction de chacun-es, faire en sorte que tous et toutes aient accès à l'éducation et à la culture et ce tout au long de la vie. L'éducation pour tous et toutes, l'accès à la culture c'est primordial aujourd'hui. Là où la Ligue a un rôle indispensable c'est également la culture du débat. Que ce soit au sein du Cercle Condorcet – secteur débat d’idées – mais également dans toutes les actions portées par la Ligue, les objectifs sont d’apprendre à fonctionner collectivement, à apprendre les règles du débat, le respect entre chacun.e. On n’a pas le même point de vue mais peut-être qu'on peut s'enrichir de l'Autre. Avoir un cheminement de pensée, un raisonnement.

Qu’est-ce que représente l’engagement, la vie associative au sein de la Ligue ?

Pourquoi l'engagement au niveau de la Ligue ça m'importe ? Parce que pour moi, être à la Ligue c'est vraiment défendre une certaine vision de la société et un certain fonctionnement collectif sur plusieurs aspects. Le premier c'est que l'on vit dans une société qui divise, qui compartimente tout, qui ne tient pas compte des particularités de chacun, qui met en avant l'ego constamment que ce soit dans la moindre publicité ou même dans une action soi-disant solidaire. Le citoyen il n’a pas juste des droits, il a aussi des devoirs et ce n’est pas simplement aux élus de prendre soin, de s'assurer que les lois de la République [les Lois qui portent les valeurs de la République] sont appliquées. C'est aussi aux citoyens de les défendre. Les gens consomment du droit civique comme ils consomment un produit ménager dans un grand magasin. Alors pourquoi la Ligue ? Parce qu'elle ne fonctionne pas comme ça, la Ligue elle, elle fonctionne comme un ensemble. Chaque partie de l'ensemble a du sens et participe au bon fonctionnement de l’ensemble. Ça veut dire que cette philosophie elle est aussi mise en œuvre dans le rapport entre les administrateurs et les salariés. On a une certaine vision du monde du travail et lorsqu’une décision qui implique un salarié est prise (toujours de manière démocratique) elle l’est toujours en tenant compte avant tout des besoins de la personne. On n’est pas dans une vision utilitariste. Alors bien sûr il y a des questions économiques, des questions de survie qui font que… nous sommes contraints de penser à notre équilibre économique, mais notre première préoccupation c'est le salarié. Et puis la Ligue elle a conscience que chaque membre de l'équipe, chaque élu aussi, apporte sa pierre et est nécessaire au fonctionnement global. Voilà pourquoi l'engagement associatif - et à la Ligue particulièrement - est important pour moi.

Et pourquoi la Ligue ?

Pour les valeurs qu'elle défend qui sont insuffisamment présentes dans nos quotidiens. En plus du principe de Laïcité, elle fait vivre la Solidarité et la Citoyenneté et ces trois thèmes sont portés dans chaque action de notre association. Et des citoyens instruits, éduqués, sont en capacité de comprendre pourquoi c'est important de défendre des idées et un régime politique qui leur permet d'être acteurs de leur destin.